dimanche 1 décembre 2024

(...)

Je trouve ça malotru et grossier les mecs qui, comme mon père, ne me contactent que quand ils ont un service ou un truc à me demander.

Le mec qui n'écrit jamais, n'appelle jamais, ne donne ou ne prend jamais de nouvelles, mais là se fend rubis sur l'ongle d'un texto que personnellement je trouve bien mielleux, bien enrobé, pour me dire ce qu'il veut pour Noël. Qui fait ça, sérieux ? Je te contacte jamais sauf pour te dire (je cite) que "si tu as envie de me faire un petit cadeau, tu peux m'acheter ça".

Ben en fait j'ai pas envie de te faire un petit cadeau, car je trouve que tu mérites pas humainement. C'est affligeant, minable...Ça me donne encore moins envie de descendre pour le premier janvier. J'ai envie de voir mes proches dont il ne fait pas partie, qui donnent des nouvelles ou en prennent sans rien attendre en retour, et se foutent des cadeaux ou de l'aspect matériel des choses. Faut que je trouve une excuse bidon pour le 1er janvier.

mardi 29 octobre 2024

(...)

Comme d'habitude, ça tourne dans ma tête. Ces questions, qui n'étaient qu'hypothétiques avant, se posent maintenant concrètement. Je les redoutais, elles m'ont faite cauchemarder, m'ont données des insomnies mais je pouvais toujours les repousser un peu, tant que rien ne se concrétisait. Et maintenant que elle ou lui semble faire son chemin et grandir normalement, il va falloir l'annoncer (ou pas !), se farcir les gens qui viendront (ou pas !) pour la naissance, expliquer à cet enfant qui n'a, en soi, rien demandé, pourquoi je ne suis pas proche de ma famille, pourquoi je n'ai aucun contact avec mon frère, avec mon père (même si les apparences sont conservées avec lui, on pourrait dire, puisqu'il se repose sur ma mère qui lui organise des contacts sociaux avec ses enfants), pourquoi cette famille,  au delà même de moi, est inexistante et désunie. Je l'ai vécu avec ma famille paternelle, et même quand on finit par rationaliser un minimum les choses (si tant est qu'elles soient rationalisables), l'esprit ne peut jamais tout à fait s’empêcher de s'emballer et de souffrir. Même quand il n'y a rien d'autre à expliquer, on ne peut s'empêcher de chercher une quelconque explication.

Quelle chance d'avoir une belle-famille (en tout cas, certaines personnes) aux antipodes, qui savent écouter et entendre, qui ont à cœur de prendre soin des relations, d'être rationnels, d'être sincères...

Pas de mensonges, a t-elle dit...Aux enfants, les adultes n'ont qu'à se comporter autrement pour ne pas qu'on leur mentent. Quel autre programme pourrais t-on trouver, je ne vois pas. J'attends la 2e écho pour aviser, ce sera presque la fin du 5e mois, mais peu importe, je ne leur dois rien, ni à eux ni à personne. La seule personne à qui je dois quelque chose, c'est à lui ou elle.

"Je voudrais tout savoir, et voir dans le noir".


dimanche 4 février 2024

17

L'autre jour, je me disais qu'il fallait que je revienne écrire ici, mais au final j'ai pas des choses transcendantales non plus à dire (ou à écrire).

Ce qui me gonfle dans ma vie, c'est ma famille, ma mi-fa, ma mif, ma smala ou que sais-je et c'est toujours la même rengaine. Les esprits s'échauffent en ce moment, plus que d'habitude je veux dire, ma tante et ma mère ont bloqué mon autre tante (on se croirait au collège mais il n'en demeure pas moins que les conflits sont déchirants et bien réels), ma tante bloquée les insultait par texto à 4 heures du matin (!) quand elle n'insultait pas mes grands-parents au téléphone en direct. Ma mère croit que je soutiens ma tante bloquée alors me fais passer des messages par mon autre tante, ma tante bloquée tente un rapprochement avec moi comme elle a plus personne à qui tenir la jambe et donc, après des mois de silence, elle se rappelle de mon existence. Parfois, j'ai l'impression d'être un objet dans cette famille, avec une fonction précise, mais pas plus et c'est relativement désagréable. Ma grand-mère est insupportable, agressive, égoïste et prend la tête à mon grand-père qui aurait pourtant bien d'autres chats à fouetter.

Ma mère est ultra sympa par contre, pas de remarques l'air de rien, pas de "tu devrais tu dois il faut y a ka faut qu'on". 

Mon père est hypocrite à souhait, tente lui aussi un rapprochement de derrière les fagots et me parle comme à une idiote (très lentement, en détachant les mots), je pense qu'il doit faire ça avec ma tante bloquée, car il continue de son côté à avoir des contacts avec elle (comme ma mère a jeté l'éponge) et je pense que c'est sa manière à lui de parler aux personnes dont ils pensent qu'elles font chier et qui faut les dresser comme on dresserait des lions à passer dans des cerceaux en feu (en leur parlant très lentement donc). Je l'emmerde en fait, je l'emmerde vraiment ce sale con, je me dis à quelle heure il pense que c'est en traitant les gens comme ça, avec des manières dégoulinantes d'hypocrisie que les relations vont bien se passer et être humaines et réelles, ça me dépasse.

La cerise sur le gâteau de la névrose, c'est que mon frère m'a appelé pour mon anniversaire et que j'ai pas décroché. Ça me rend toujours malade, mais je ne peux pas, je n'y arrive pas, pour moi c'est un étranger. Je n'ai rien à lui dire, et ce depuis bien longtemps. On ne peut pas repartir comme ça, ça n'existe nul part ça. Mais en même temps, bien sur, dire "je voudrais avoir des contacts avec mon frère" et ne pas décrocher quand il m'appelle (la dernière fois qu'on s'était parlé au téléphone, c'était mi-2021), ça se pose là en terme d'auto-sabordage. Mais je ne peux pas, je ne peux pas, je ne saurais même pas expliquer pourquoi mais je ne peux pas.

Je ne sais même plus ce que je veux. 

Je crois que je fais le deuil de ma relation avec mon père, mais c'est pas de la tarte. Je ne pense pas que rien ne changera jamais (phrase qui ne veut rien dire). Je dois aller dans le monde (il serait grand temps, vu mon age canonique et le sien aussi d'ailleurs) en acceptant que mon père n'a jamais vraiment voulu ou jamais pu (ok c'est pas la même chose, mais y a les deux je pense) avoir de relations avec ses enfants (le pire c'est que, à peu de choses prêt, je pense que c'est la même chose avec mon frère). Un père aimant, un père présent, un père à l'écoute, ça n'existe pas, pas dans cette vie en tout cas. Bien sur, j'ai toujours une sorte de drôle de pincement au cœur quand je vois ma cousine avec mon oncle, elle lui parle, y compris de sujets personnels, il écoute mais genre vraiment, réellement, dit ce qu'il pense, l'encourage, la soutient, la met en garde. Il abonde pas toujours dans son sens, dans le sens du poil, mais il écoute vraiment. Genre il la connaît. Il connaît sa vie. Elle lui parle de son mec, de son boulot, des ses amis, de Paris, de ses voyages, de ses projets, de ses PROJETS. Et ce, sans qu'il y ait quoique ce soit de malsain ou quoi, elle dit la même chose à sa mère (ma tante), c'est juste des parents et des enfants qui s'entendent bien, des parents qui s'intéressent à leurs enfants et vice-versa.

Ma cousine et mon oncle, ils se prennent le bras quand il vient la chercher à la gare. 

Je crois que je me souviendrais toujours de ça, toujours, étrangement. J'étais derrière eux à Poitiers car elle et moi on arrivait par le même train. Je suis partie de mon côté et ils étaient devant à discuter, en étant contents de se revoir, en se tenant par le bras. Je me souviens de ma tristesse, de ma jalousie, mais plutôt surtout de ma tristesse, mais en même temps, je suis contente pour eux, et pour ceux qui vivent ça, y a pas de raison que les relations père-fille soient inanes pour toutes, quelque part. Ça me fait toujours pleurer ce souvenir aujourd'hui, sans déconner. 

Je me souviens de la fois où j'étais arrivée à Bordeaux et où la première phrase que mon père m'avait dite c'était "mais t'es beaucoup trop couverte" sans bonjour, ni merde ni rien, de son regard qui me semblait dégouté. Je me souviens de mon grand-père paternel qui ne m'a jamais adressé la parole de toute mon enfance, de toute ma vie en fait. Jamais, mais genre jamais. Jamais une question, jamais un coup de fil, une lettre, rien. Il est mort en 2020 et j'ai du faire bonne figure là encore au téléphone avec mon père en disant que c'était compliqué pour moi d'aller à enterrement parce que c'était en plein confinement alors que j'avais surtout envie de lui dire qu'il aurait fallu me payer très cher pour aller à l’enterrement de ce con.

Mon grand-père maternel va très mal par contre. Je ne sais pas quoi lui dire, et je pense qu'il a envie d'être un peu seul, car on peut rien dire qui l'aidera. Il va mourir et il le sait, on le sait tous. Lui m’appelait "ma petite reine" et me demande toujours aujourd'hui comment je vais, comment vont J. et L., comment ça va au rugby, à l'astronomie, aux Impôts. Il y a son rire et son sourire, ses histoires et ses idées. J'ai volé une photo dans le placard des photos de ma grand-mère, c'est un jeune homme souriant de 17 ans sur un pont, ça doit être vers 1953, je la garde dans mon étui de portable. Je ne la sors pas, je ne la regarde pas, parce que j'ai l'impression qu'à trop la regarder, sa maladie l'emportera plus rapidement. Je voudrais pas qu'on me dise qu'il est mort quand je serais au boulot car j'ai peur de m’effondrer et je ne m'entends pas assez bien avec mes collègues pour leur faire voir quelque chose d'aussi intime.

J'attends avec impatience le 15 mars pour partir à la caserne, j'espère que ça va le faire.

 

dimanche 17 septembre 2023

16

Je reprend presque un an après, et je dois avouer que ça m'inquiète de constater que les choses n'ont pas trop changé, en tout cas les choses qui me cassent les pieds et dont je parle ici (peut-être aussi que mon problème est justement de voir le verre à moitié vide en permanence et pas ce qui change en bien aussi). 

Mais c'est ce que je disais à G-D l'autre jour, ce retour cyclique du calendrier familial rend fou. Vous avez échappé au Noël N-1 mais Noël revient tous les ans vous rappeler vos difficultés personnelles et familiales. Et il ne disparaîtra pas de sitôt pour vous permettre d'oublier un peu.

Donc c'est bientôt Noël, ou en tout cas j'ai cette impression que ça se rapproche à grands pas, avec ce qui l'accompagne pour moi, c'est à dire boule (c'est le cas de le dire) dans la gorge et angoisses nocturnes à 3 heures du matin en mode "est ce que je dois y aller ou pas, et si je dis que je ne viendrais pas, est-ce que je donne la vraie raison au risque de déclencher l'apocalypse ou je dis rien, juste que je ne peux pas venir".

Je pense que je n'irais pas, même si je dis ça chaque année et qu'au final, je m'y précipite la queue entre les jambes. Je trouve que nos relations familiales se dégradent de plus en plus, même si je dis ça aussi depuis des années. Ma mère ne m'écrit presque plus. Mon père et mon frère sont aux abonnés complètement absents mais ça, ça fait longtemps déjà.

Mon grand-père, qui était le membre de la famille avec lequel j'avais la relation la plus proche, la plus "normale", la plus affectueuse a été diagnostiqué d'un cancer des voies biliaires en juillet et n'aura que des soins palliatifs, donc va partir un jour ou l'autre et ça me dévaste. Il ne restera alors que ceux qui se regardent en chiens de faïence, dont je fais partie.

Je pense vraiment que je n'irais pas à Noël cette année, car j'ai déjà refusé sous un prétexte à la noix d'aller le 8 octobre à la journée organisée par ma tante. La perspective de voir mon frère et les enfants me rend littéralement malade, même si c'est difficile à expliquer.  Je me sens attristée et humiliée aussi lorsque je suis en présence comme ça de gens avec qui je n'ai aucune relation alors que j'aimerais que ce ne soit pas le cas. Humiliée de devoir faire bonne figure, de devoir me montrer contente et de bonne humeur familiale alors que je dois composer avec des gens qui m'expriment les 364 autres jours de l'année leur décision (qui est leur droit le plus strict ceci étant) de ne pas avoir de relation avec moi. Mais il faut faire une bonne figure le temps d'une journée familiale : mon frère ne veut pas me parler ou s'en tape d'avoir une relation avec moi et ne me donne pas de nouvelles des enfants, mais il faut avoir l'air jouasse et contente d'être en famille. Je ne peux plus jouer cette comédie, qui me rend malade. En fait, je sais que je n'arriverais même pas à sortir de mon lit pour y aller alors autant dire non dès le départ.

Mais comme je disais aussi à G-D, ça me rend malade d'y aller et malade aussi de ne pas y aller. Car ça empoissonne toutes mes relations. Car l'un dans l'autre, même si il y a aussi des choses qui m'agacent avec eux en ce moment, j'ai quand même une bonne relation avec ma tante et mon oncle, ma cousine et mon cousin, et ma mère aussi. Et même mon neveu et ma nièce quand je les croise, même si ce ne sont que des enfants et que pour l'instant, ils font avec la famille sans donner leur avis. Donc pour ne plus voir mon frère et ne plus avoir à faire bonne figure, je ne vois plus tous ces gens non plus et le cycle de la tristesse, de la honte et de la colère repart pour un tour supplémentaire.

J'aurais aimé en parler avec mon grand-père car lui aussi a connu ça avec son propre frère, mais il a maintenant ses propres soucis (bien plus graves) à gérer alors ce n'est plus le moment.

Je ne sais plus quoi faire. Ça fait des années que ça dure, mais je n'ai jamais su quoi faire. J'ai l'impression d'avoir tout essayé avec mes petits moyens. Envoyer des textos, essayer d'inviter un peu, faire des cadeaux aux enfants pour essayer de garder un lien (un peu nul comme technique), faire la gueule, ne pas la faire et laisser couler ce qui me pose problème, passer par ma belle-sœur au lieu de mon frère, je ne sais plus. Ce que je sais c'est que ça me rend malade. Être mis à distance sans savoir pourquoi rend malade. Je pourrais entendre les critiques ou les reproches et les accepter et accepter mieux cette situation. Stopper une relation reste un droit que je comprend parfaitement. Mais le silence rend malade. 



mardi 1 novembre 2022

15

Ça m'a fait vraiment du bien ces quelques jours à Paris un peu hors du temps et de faire le pont mais demain, ce sera reparti au boulot. 

J'ai hâte de retourner voir le psy (merci le transfert) et de m'affaler dans son canapé et de regarder la pluie et les feuilles tomber dans sa cour, en pleurnichant sur ma vie. 

Je me sens bien et mal à la fois. Mal au boulot mais il faudra tenir jusqu'à Noël. Bien quand je travaille pour l'association et que je sors de moi-même et de mon égotisme et que je me sens enfin utile, même si c'est une platitude de dire ça. Bien aussi quand je joue au rugby avec les autres, même si je m'agace parfois et que je suis toujours aussi nulle.

Mes parents vont venir pour le déménagement et ils sont hyper sympas en ce moment, à tel point que ça en devient gênant. Comment rester crédible quand je leur dirais que je ne viendrais pas à Noël alors qu'ils me couvrent de cadeaux depuis quelques temps et qu'ils viendront nous aider à déménager, même si on a pas spécialement demandé ? Je ne serais pas crédible, comme toujours...

La perspective de mettre enfin les pieds dans le plat par rapport à mon frère qui me semblait une réelle possibilité il y a quelques semaines s'est complétement éloignée depuis quelques temps. Je me dis qu'il faut pas que je leur fasse de la peine, qu'ils n'y sont pour rien, qu'ils font plein d'efforts, que c'est moi la névrosée, l'ingrate, la folle. Et quelque part c'est vrai. Et quelque part aussi, j'ai ma part de lucidité.

Parfois, je me dis que tout le monde va très bien, y a que moi qui me traîne mon éternel mal-être en essayant d'en rendre tout le monde responsable sauf moi, histoire de me remonter moi-même en rabaissant les autres. Et parfois je me dis que c'est tellement injuste que personne ne comprenne, que jamais ne pardonnerais ce coup de poings que mon frère m'avait donné quand j'avais 10 ans, que jamais je ne pardonnerais ma famille de m'avoir éduqué pour faire constamment bonne figure, comme quand je m'étais fait casser la gueule par ce type en primaire et que j'étais rentrée à la maison l'air de rien, sans même qu'advienne à mon esprit la possibilité d'en parler.

Et pourtant, j'en suis pas morte de tout ça. D'autres ont vécu pire. Et moi-même j'ai très certainement infligé pire à d'autres, pas physiquement mais psychologiquement parlant. Tout le monde a quelque chose à se reprocher en ce bas monde, on dirait et je ne déroge pas à la règle.

Alors mes rêveries me sauvent de trop d'angoisses. Je voudrais aller seule à Ouessant à Noël, prendre une chambre dans cet hôtel à Brest et puis prendre le bateau tôt le matin pour Ouessant et puis voir les moutons, les mouettes et les goélands. Marcher sur la côte, avec la flotte sur la figure et les éclaircies bretonnes dans les yeux.


lundi 3 octobre 2022

14

En fait, c'est ça que je trouve qui a changé par rapport à avant, c'est le fait maintenant d'être en conflit, en "froid" ou tout autre mot équivalent avec des gens "biens", dont je partage par ailleurs les valeurs.

Ça m'était déjà peut-être arrivé un peu mais pas à ce point là et puis il y a eu cette période où j'avais l'impression de naviguer et de savoir où j'allais avec une boussole "morale", un minimum en tout cas. Alors oui je n'étais pas appréciée et même voire franchement rejetée par les meufs dans mon 2e boulot mais c'était des électrices de Sarkozy voire de Marine et qui harcelait à bride rabattue ma collègue C. alors finalement quelque part c'était presque rassurant de ne pas en avoir été appréciée.

Mais maintenant c'est différent, je me fritte (toujours insidieusement, jamais au grand jour) avec des gens que j'estime pourtant. 

Bonjour les névroses là aussi ! Pourquoi, comment c'est donc possible ? Est-ce que je suis tout simplement en train de devenir plus égocentrique, autocentrée et susceptible que jamais ? Peut-être, ou peut-être que je perds pieds, que je dérive. Ceci étant, j'ai l'impression que ma vie n'a été qu'une longue dérivation depuis le début que c'est difficile de savoir.

C'est dur au boulot, ça l'a toujours été, certes, où que j'aille et quoi que je fasse.

Mais aujourd'hui c'est dur de se dire que quand C. n'est pas là, j'ai personne avec qui manger, que j'ose même plus retourner à la cantine avec les autres.

J'ai quand même bien merdé sur ce coup là encore une fois, même si ça parait être des histoires dignes du collège, je crois que ça n'en est pas du tout.

J'aurais du persister avec eux à la cantine ou alors dire clairement "je n'y mange plus pour telle et telle raison" au lieu de me retirer sans rien dire. Moi aussi je trouverais ça moyen au final que quelqu'un qui venait bouffer avec nous régulièrement ne vienne plus du jour au lendemain sans rien, ni explication ni merci ni rien ni merde.

Alors certes, y a eu les confinements et après, quand la cantine a ré-ouvert, il est authentique que je n'osais même plus y retourner avec eux (à 35 ans !!!).

Mais ça m'a bien arrangé aussi quand C. et E. sont arrivés ensuite dans mon bureau de rester bouffer avec eux et de ne plus faire l'effort d'essayer de me greffer au groupe qui allait à la cantine. Et maintenant les gens me voient certainement comme une profiteuse pas fiable (ce que je suis probablement) et je dois porter ma croix trois jours par semaine. J'ai merdé, à un point qui me donne envie de me taper littéralement la tête contre les murs, de ne plus retourner au boulot, de changer de service, voire de vie.

Le psy m'a refait son speech sur mon frangin "si ça se trouve, lui aussi n'ose plus communiquer avec vous". Alors certes mais je n'y crois pas du tout, enfin bon on est certes tous différents mais je ne me sors pas de cette colère lancinante même si le psy est sympa et probablement qu'il hallucine de ce que je lui raconte (je lui ai même pas encore parlé de la cantine pourtant, rires jaunes !!).

Plus que 3 mois avant Noël, ça va être funky ça aussi. Ma mère me couvre de cadeaux, mon père est toujours aussi en dents de scie.

J'ai appelé il y a deux semaines, et il a décroché avec un magnifique "bon alors qu'est ce qui se passe ??" sur un ton agressif alors que là, je l'ai eu dimanche et il était sympa, me demandant même comment ça allait au boulot (à lui aussi, j'aurais du lui parler de la cantine).

Je m'en sors plus. J'ai juste envie de m'occuper d'oiseaux ou d'hérissons ou de n'importe quel autre animal à poils, à plumes ou à écailles, d'aller au cours de guitare du beau gosse et au rugby.

Je me sens dans une terrible solitude mais je n'ai d'égards pour personne alors comment les relations peuvent-elles fonctionner ? Elles ne le peuvent pas. Les gens m'emmerdent et m'intéressent à la fois, je sens leur beauté et leur bonté mais je n'arrive pas à me connecter avec eux pour autant.

Le drame de l'incommunicabilité dans la société moderne, un téléphone qui sonne dans le vide...

Je pense qu'il y a quelque chose d'irrémédiablement détruit dans ma tête, qui m'empêche d'aller vers les autres. Il y a ce modèle paternel dont je parlais avec C. l'autre jour justement. Pour moi, il est normal et même habituel de vivre avec les autres sans leur parler mais justement, année après année, je me rend compte à quel point ça ne fonctionne pas. "Une drôle de façon d'aimer les gens" comme disait le psy.

jeudi 15 septembre 2022

13

Ca tourne dans ma tête, c'est vraiment horrible cette spirale de pensées.

Elle ne répond pas, premier texto mi-août, deuxième mi-septembre. Ça allait pourtant quand on s'était vus tous ensemble fin mai et quand je lui avait écrit depuis l'Ile mi-juin. Mais depuis plus rien, un ghostage en bonne et due forme. Encore une gifle, une énorme gifle, alors même que l'on est amenées à se revoir, en tout cas avec les hommes.

Je n'ai pas envie d'ouvrir le débat, de lui envoyer un message pour essayer de parler. Dans ces moments, je ne me sens que insistante, importune. Une non-réponse est une réponse alors à quoi bon.

Et pourtant, j'aimerais tellement savoir, qu'on me dise une bonne fois pour toutes, c'était telle remarque, c'était tel comportement, ou c'est toi en général parce que ceci et cela. J'aimerais tellement savoir même si je sais confusément. 

Mais même là, j'ai tendance à faire porter le chapeau aux autres. Même là, je me dis si J. m'avait dit directement qu'elle avait été hospitalisée, qu'elle avait été opérée, bien sur que je l'aurais contacté pour savoir comment elle allait et lui souhaiter un prompt rétablissement. Mais je ne savais pas et je ne pouvais pas deviner. Ou alors c'est autre chose, bien plus ancien, bien plus profond et cette gaffe n'est que l'occasion attendue de me jarter une bonne fois pour toute.

Je ne sais pas mais ce que je sais, c'est que j'ai terriblement honte, comment en parler au J. qui est concerné lui aussi par la force des choses.