dimanche 4 février 2024

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L'autre jour, je me disais qu'il fallait que je revienne écrire ici, mais au final j'ai pas des choses transcendantales non plus à dire (ou à écrire).

Ce qui me gonfle dans ma vie, c'est ma famille, ma mi-fa, ma mif, ma smala ou que sais-je et c'est toujours la même rengaine. Les esprits s'échauffent en ce moment, plus que d'habitude je veux dire, ma tante et ma mère ont bloqué mon autre tante (on se croirait au collège mais il n'en demeure pas moins que les conflits sont déchirants et bien réels), ma tante bloquée les insultait par texto à 4 heures du matin (!) quand elle n'insultait pas mes grands-parents au téléphone en direct. Ma mère croit que je soutiens ma tante bloquée alors me fais passer des messages par mon autre tante, ma tante bloquée tente un rapprochement avec moi comme elle a plus personne à qui tenir la jambe et donc, après des mois de silence, elle se rappelle de mon existence. Parfois, j'ai l'impression d'être un objet dans cette famille, avec une fonction précise, mais pas plus et c'est relativement désagréable. Ma grand-mère est insupportable, agressive, égoïste et prend la tête à mon grand-père qui aurait pourtant bien d'autres chats à fouetter.

Ma mère est ultra sympa par contre, pas de remarques l'air de rien, pas de "tu devrais tu dois il faut y a ka faut qu'on". 

Mon père est hypocrite à souhait, tente lui aussi un rapprochement de derrière les fagots et me parle comme à une idiote (très lentement, en détachant les mots), je pense qu'il doit faire ça avec ma tante bloquée, car il continue de son côté à avoir des contacts avec elle (comme ma mère a jeté l'éponge) et je pense que c'est sa manière à lui de parler aux personnes dont ils pensent qu'elles font chier et qui faut les dresser comme on dresserait des lions à passer dans des cerceaux en feu (en leur parlant très lentement donc). Je l'emmerde en fait, je l'emmerde vraiment ce sale con, je me dis à quelle heure il pense que c'est en traitant les gens comme ça, avec des manières dégoulinantes d'hypocrisie que les relations vont bien se passer et être humaines et réelles, ça me dépasse.

La cerise sur le gâteau de la névrose, c'est que mon frère m'a appelé pour mon anniversaire et que j'ai pas décroché. Ça me rend toujours malade, mais je ne peux pas, je n'y arrive pas, pour moi c'est un étranger. Je n'ai rien à lui dire, et ce depuis bien longtemps. On ne peut pas repartir comme ça, ça n'existe nul part ça. Mais en même temps, bien sur, dire "je voudrais avoir des contacts avec mon frère" et ne pas décrocher quand il m'appelle (la dernière fois qu'on s'était parlé au téléphone, c'était mi-2021), ça se pose là en terme d'auto-sabordage. Mais je ne peux pas, je ne peux pas, je ne saurais même pas expliquer pourquoi mais je ne peux pas.

Je ne sais même plus ce que je veux. 

Je crois que je fais le deuil de ma relation avec mon père, mais c'est pas de la tarte. Je ne pense pas que rien ne changera jamais (phrase qui ne veut rien dire). Je dois aller dans le monde (il serait grand temps, vu mon age canonique et le sien aussi d'ailleurs) en acceptant que mon père n'a jamais vraiment voulu ou jamais pu (ok c'est pas la même chose, mais y a les deux je pense) avoir de relations avec ses enfants (le pire c'est que, à peu de choses prêt, je pense que c'est la même chose avec mon frère). Un père aimant, un père présent, un père à l'écoute, ça n'existe pas, pas dans cette vie en tout cas. Bien sur, j'ai toujours une sorte de drôle de pincement au cœur quand je vois ma cousine avec mon oncle, elle lui parle, y compris de sujets personnels, il écoute mais genre vraiment, réellement, dit ce qu'il pense, l'encourage, la soutient, la met en garde. Il abonde pas toujours dans son sens, dans le sens du poil, mais il écoute vraiment. Genre il la connaît. Il connaît sa vie. Elle lui parle de son mec, de son boulot, des ses amis, de Paris, de ses voyages, de ses projets, de ses PROJETS. Et ce, sans qu'il y ait quoique ce soit de malsain ou quoi, elle dit la même chose à sa mère (ma tante), c'est juste des parents et des enfants qui s'entendent bien, des parents qui s'intéressent à leurs enfants et vice-versa.

Ma cousine et mon oncle, ils se prennent le bras quand il vient la chercher à la gare. 

Je crois que je me souviendrais toujours de ça, toujours, étrangement. J'étais derrière eux à Poitiers car elle et moi on arrivait par le même train. Je suis partie de mon côté et ils étaient devant à discuter, en étant contents de se revoir, en se tenant par le bras. Je me souviens de ma tristesse, de ma jalousie, mais plutôt surtout de ma tristesse, mais en même temps, je suis contente pour eux, et pour ceux qui vivent ça, y a pas de raison que les relations père-fille soient inanes pour toutes, quelque part. Ça me fait toujours pleurer ce souvenir aujourd'hui, sans déconner. 

Je me souviens de la fois où j'étais arrivée à Bordeaux et où la première phrase que mon père m'avait dite c'était "mais t'es beaucoup trop couverte" sans bonjour, ni merde ni rien, de son regard qui me semblait dégouté. Je me souviens de mon grand-père paternel qui ne m'a jamais adressé la parole de toute mon enfance, de toute ma vie en fait. Jamais, mais genre jamais. Jamais une question, jamais un coup de fil, une lettre, rien. Il est mort en 2020 et j'ai du faire bonne figure là encore au téléphone avec mon père en disant que c'était compliqué pour moi d'aller à enterrement parce que c'était en plein confinement alors que j'avais surtout envie de lui dire qu'il aurait fallu me payer très cher pour aller à l’enterrement de ce con.

Mon grand-père maternel va très mal par contre. Je ne sais pas quoi lui dire, et je pense qu'il a envie d'être un peu seul, car on peut rien dire qui l'aidera. Il va mourir et il le sait, on le sait tous. Lui m’appelait "ma petite reine" et me demande toujours aujourd'hui comment je vais, comment vont J. et L., comment ça va au rugby, à l'astronomie, aux Impôts. Il y a son rire et son sourire, ses histoires et ses idées. J'ai volé une photo dans le placard des photos de ma grand-mère, c'est un jeune homme souriant de 17 ans sur un pont, ça doit être vers 1953, je la garde dans mon étui de portable. Je ne la sors pas, je ne la regarde pas, parce que j'ai l'impression qu'à trop la regarder, sa maladie l'emportera plus rapidement. Je voudrais pas qu'on me dise qu'il est mort quand je serais au boulot car j'ai peur de m’effondrer et je ne m'entends pas assez bien avec mes collègues pour leur faire voir quelque chose d'aussi intime.

J'attends avec impatience le 15 mars pour partir à la caserne, j'espère que ça va le faire.

 

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