dimanche 17 septembre 2023

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Je reprend presque un an après, et je dois avouer que ça m'inquiète de constater que les choses n'ont pas trop changé, en tout cas les choses qui me cassent les pieds et dont je parle ici (peut-être aussi que mon problème est justement de voir le verre à moitié vide en permanence et pas ce qui change en bien aussi). 

Mais c'est ce que je disais à G-D l'autre jour, ce retour cyclique du calendrier familial rend fou. Vous avez échappé au Noël N-1 mais Noël revient tous les ans vous rappeler vos difficultés personnelles et familiales. Et il ne disparaîtra pas de sitôt pour vous permettre d'oublier un peu.

Donc c'est bientôt Noël, ou en tout cas j'ai cette impression que ça se rapproche à grands pas, avec ce qui l'accompagne pour moi, c'est à dire boule (c'est le cas de le dire) dans la gorge et angoisses nocturnes à 3 heures du matin en mode "est ce que je dois y aller ou pas, et si je dis que je ne viendrais pas, est-ce que je donne la vraie raison au risque de déclencher l'apocalypse ou je dis rien, juste que je ne peux pas venir".

Je pense que je n'irais pas, même si je dis ça chaque année et qu'au final, je m'y précipite la queue entre les jambes. Je trouve que nos relations familiales se dégradent de plus en plus, même si je dis ça aussi depuis des années. Ma mère ne m'écrit presque plus. Mon père et mon frère sont aux abonnés complètement absents mais ça, ça fait longtemps déjà.

Mon grand-père, qui était le membre de la famille avec lequel j'avais la relation la plus proche, la plus "normale", la plus affectueuse a été diagnostiqué d'un cancer des voies biliaires en juillet et n'aura que des soins palliatifs, donc va partir un jour ou l'autre et ça me dévaste. Il ne restera alors que ceux qui se regardent en chiens de faïence, dont je fais partie.

Je pense vraiment que je n'irais pas à Noël cette année, car j'ai déjà refusé sous un prétexte à la noix d'aller le 8 octobre à la journée organisée par ma tante. La perspective de voir mon frère et les enfants me rend littéralement malade, même si c'est difficile à expliquer.  Je me sens attristée et humiliée aussi lorsque je suis en présence comme ça de gens avec qui je n'ai aucune relation alors que j'aimerais que ce ne soit pas le cas. Humiliée de devoir faire bonne figure, de devoir me montrer contente et de bonne humeur familiale alors que je dois composer avec des gens qui m'expriment les 364 autres jours de l'année leur décision (qui est leur droit le plus strict ceci étant) de ne pas avoir de relation avec moi. Mais il faut faire une bonne figure le temps d'une journée familiale : mon frère ne veut pas me parler ou s'en tape d'avoir une relation avec moi et ne me donne pas de nouvelles des enfants, mais il faut avoir l'air jouasse et contente d'être en famille. Je ne peux plus jouer cette comédie, qui me rend malade. En fait, je sais que je n'arriverais même pas à sortir de mon lit pour y aller alors autant dire non dès le départ.

Mais comme je disais aussi à G-D, ça me rend malade d'y aller et malade aussi de ne pas y aller. Car ça empoissonne toutes mes relations. Car l'un dans l'autre, même si il y a aussi des choses qui m'agacent avec eux en ce moment, j'ai quand même une bonne relation avec ma tante et mon oncle, ma cousine et mon cousin, et ma mère aussi. Et même mon neveu et ma nièce quand je les croise, même si ce ne sont que des enfants et que pour l'instant, ils font avec la famille sans donner leur avis. Donc pour ne plus voir mon frère et ne plus avoir à faire bonne figure, je ne vois plus tous ces gens non plus et le cycle de la tristesse, de la honte et de la colère repart pour un tour supplémentaire.

J'aurais aimé en parler avec mon grand-père car lui aussi a connu ça avec son propre frère, mais il a maintenant ses propres soucis (bien plus graves) à gérer alors ce n'est plus le moment.

Je ne sais plus quoi faire. Ça fait des années que ça dure, mais je n'ai jamais su quoi faire. J'ai l'impression d'avoir tout essayé avec mes petits moyens. Envoyer des textos, essayer d'inviter un peu, faire des cadeaux aux enfants pour essayer de garder un lien (un peu nul comme technique), faire la gueule, ne pas la faire et laisser couler ce qui me pose problème, passer par ma belle-sœur au lieu de mon frère, je ne sais plus. Ce que je sais c'est que ça me rend malade. Être mis à distance sans savoir pourquoi rend malade. Je pourrais entendre les critiques ou les reproches et les accepter et accepter mieux cette situation. Stopper une relation reste un droit que je comprend parfaitement. Mais le silence rend malade.